Contre les violences conjugales, nous renforçons l’ordonnance de protection

Le travail législatif | 8 mars 2024

Les violences conjugales et les féminicides, autrefois invisibilisés sous l’étiquette dépassée de « crimes passionnels », sont désormais au cœur des préoccupations sociétales. Cette prise de conscience passe en premier lieu par la reconnaissance de l’ampleur du problème : en 2022, pas moins de 244 301 victimes de violences conjugales ont ainsi été recensées en France. Depuis plusieurs années, l’attention politique et médiatique portée à ce sujet a permis de libérer la parole sur des violences trop longtemps gardées au sein du couple ou de la cellule familiale. L’importance de l’écoute des victimes et d’une prise en charge adéquate est une des conclusions des réunions que le député a pu organiser dans la circonscription en 2019 et 2020. Si le nombre de féminicides a fortement diminué en 2023 par rapport à 2022, une victime de féminicide, c’est toujours et encore une victime de trop. C’est dans ce contexte que s’inscrit la volonté politique, à travers notamment le Grenelle des violences conjugales, de mieux protéger les femmes et leurs enfants, souvent pris au piège de ces situations dramatiques.

Depuis 2010, notre dispositif de protection des victimes de violences conjugales se fonde sur un mécanisme judicaire spécifique : l’ordonnance de protection. Cette mesure de protection judiciaire est prise par le juge aux Affaires familiales lorsqu’il existe des raisons sérieuses de considérer comme vraisemblables la commission des faits de violence allégués et le danger auquel la victime ou un ou plusieurs enfants sont exposés. La loi énumère les mesures d’interdiction ou d’injonction que peut contenir l’ordonnance (telles que l’interdiction de rentrer en contact avec la partie demandeuse ou de détenir une arme) et des mesures relatives à l’autorité parentale ou à la jouissance du domicile conjugal. Plusieurs lois sont depuis venues renforcer et compléter ce dispositif :

  • La loi n° 2019-1480 du 28 décembre 2019 visant à agir contre les violences au sein de la famille a précisé que l’ordonnance n’était pas conditionnée à une plainte préalable et a introduit le dispositif de bracelet anti-rapprochement ;
  • La loi n° 2020-936 du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales a précisé que la jouissance du logement conjugal ou commun est attribuée au conjoint qui n’est pas l’auteur des violences ;
  • La loi n° 2022-52 du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure a renforcé la mesure d’interdiction de port d’arme.

Ce dispositif souffre néanmoins de certaines lacunes qui affectent son effectivité :

  • Sa durée est limitée à 6 mois, ce qui ne laisse pas toujours suffisamment de temps aux femmes victimes et à leurs enfants de réorganiser leur vie loin du conjoint violent ;
  • Elle est délivrée dans un délai de 6 jours pendant lesquels la femmes victimes peut se retrouver en situation de particulière vulnérabilité face aux violences de son conjoint ;
  • Sa prolongation est réservée aux cas où une décision relative à la séparation de corps ou au divorce du couple ou à l’autorité parentale est intervenue depuis sa délivrance. Elle n’est donc pas possible pour les couples non-mariés ou qui n’ont pas d’enfant.

La proposition de loi déposée par le groupe Renaissance et portée par la députée Émilie Chandler vise à mieux protéger les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants. Le texte prévoit en premier lieu l’allongement de la durée maximale du dispositif d’ordonnance de protection, qui serait ainsi porté de six à douze mois. En outre, pour répondre aux situations les plus graves et urgentes, la proposition de loi crée une ordonnance provisoire de protection immédiate, dans les situations où il existe un risque sérieux pour le demandeur. Cette mesure permettrait d’assurer provisoirement la protection d’une victime pendant le délai maximal de six jours entre l’audience et la décision au fond du juge des Affaires familiales.

La proposition de loi crée également une nouvelle infraction au code pénal en cas de non-respect des mesures de cette ordonnance de protection immédiate. Le non-respect des mesures de l’ordonnance provisoire de protection immédiate serait plus sévèrement puni que celui des mesures de l’ordonnance de protection classique puisque la peine encourue prévue par le texte est de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Adoptée à l’unanimité le mardi 5 mars, la proposition de loi doit désormais être examinée par le Sénat en première lecture.

La proposition de loi Droit à l’image des enfants définitivement adoptée par l’Assemblée nationale

Communiqués | 6 février 2024

Mardi 6 février, journée pour un Internet plus sûr, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité en lecture définitive la proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l’image des enfants. Ce texte, qui amende les dispositions du code civil relatives à l’autorité parentale, modernise l’exercice du droit à l’image, constitutif du droit à la vie privée, et y donne toute leur place aux enfants en tant que sujets autonomes de droit.

À l’intersection entre la liberté d’expression des parents et l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à l’image des enfants sur internet a émergé ces dernières années comme le terrain d’un potentiel conflit, aggravé par le fonctionnement des réseaux sociaux, qui rémunèrent la viralité et promeuvent les comportements narcissiques. Quelques chiffres marquants permettent de saisir l’enjeu que représente aujourd’hui la diffusion de l’image des enfants :

  • 39% des enfants ont aujourd’hui une empreinte numérique avant leur naissance ;
  • Un enfant apparaît en moyenne sur 1.300 photos en ligne avant ses 13 ans ;
  • Quatre adolescents sur dix trouveraient que leurs parents les exposent trop sur internet ;
  • 50% des photos échangées sur les forums pédopornographiques sont issues de contenus partagés par les parents ou les enfants sur les réseaux sociaux.

Outre les risques accrus de détournement liés à la diffusion de photographies de famille sur les réseaux sociaux, dite « sharenting » (usurpation d’identité en ligne, chantage, cyberharcèlement, kidnapping numérique, pédopornographie, etc.), l’incidence future de ces publications doit faire réfléchir, au regard notamment des capacités évolutives de l’intelligence artificielle.

« À l’heure de l’émergence d’une société de l’image à la faveur de la révolution numérique, il apparaissait nécessaire de rappeler un principe simple : les parents sont les gardiens et les protecteurs du droit à l’image de leurs enfants, qu’ils exercent conjointement dans le cadre de l’autorité parentale, explique Bruno STUDERIl me semblait indispensable qu’ils soient mieux informés et responsabilisés quant à cette dimension nouvelle de l’exercice de l’autorité parentale. »

Au-delà des nécessaires actions de sensibilisation, le législateur se devait d’intervenir pour tracer des lignes rouges et élaborer un dispositif juridique facilement mobilisable par les juges dans les cas où les parents portent atteinte au droit à l’image de leur enfant. Le juge aux affaires familiales pourra désormais retirer aux parents l’exercice de ce droit à l’image pour le confier à un tiers, lorsque cela s’avère nécessaire.

Cette loi s’adresse également aux enfants, qui trop souvent n’ont pas conscience de leurs droits et pensent parfois que leurs parents disposent d’un droit absolu sur leur image.

« Il est toujours plus aisé de ne pas publier un contenu que de le faire retirer plus tard. À la tentation de la viralité, il faut privilégier l’impératif de l’intimité, » conclut Bruno STUDER. Comme l’ont si justement rappelé la Défenseure des droits, Mme Claire HÉDON, et le Défenseur des enfants, M. Éric DELEMAR, « Sans intimité, sans espace personnel préservé du regard d’autrui, il n’y a pas de vie privée ».[1]


[1] Défenseure des droits, « La vie privée : un droit pour l’enfant », rapport annuel du Défenseur des enfants, 2022.

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La presse en parle

DateMédiaAuteurTitre
05/02/2024La Nouvelle RépubliqueRédactionDroit à l’image des enfants : ce que doit changer la loi Studer
05/02/2024LCPLéonard DermarkarianDroit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux : la proposition de loi définitivement adoptée par l’Assemblée
06/02/2024AFPRédactionFrance: adoption d’une loi pour protéger le droit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux
06/02/2024BFM TVSylvain TrinelDroit à l’image: la loi pour protéger les enfants en ligne votée par l’Assemblée nationale
06/02/2024Europe 1Alexandre le MerRéseaux sociaux : «Les parents doivent associer l’enfant à la décision de publier», estime Bruno Studer
06/02/2024Le Berry RépublicainRédactionProposition de loi sur le droit à l’image des enfants sur les réseaux : qu’est-ce qu’elle contient?
06/02/2024Le FigaroRédaction avec AFPRéseaux sociaux : l’Assemblée adopte une loi protectrice pour le droit à l’image des enfants
06/02/2024Le MondeRédaction avec AFPUne loi pour mieux protéger le droit à l’image des enfants face aux comportements de certains parents adoptée par l’Assemblée nationale
06/02/2024Tout EducRédactionLa proposition de loi visant le respect du droit à l’image des enfants votée à l’Assemblée nationale : première étape ou coup d’épée dans l’eau ?
07/02/2024actu.frLaurène FertinDroit à l’image des enfants : la loi adoptée par l’Assemblée nationale, voici ce qui va changer
07/02/2024Europe 1Camille MoreauRéseaux sociaux : adoption définitive d’une loi pour protéger le droit à l’image des enfants
07/02/2024France InfoRédaction avec AFPRéseaux sociaux : la loi pour protéger le droit à l’image des enfants sur internet définitivement adoptée 
07/02/2024HuffPostMathieu AlfonsiDroit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux : cette nouvelle loi est une avancée, mais elle ne suffit pas
07/02/2024Le FigaroClaudia Cohen2 ans et déjà star sur TikTok… Une nouvelle loi protège les enfants surexposés par leurs parents influenceurs
07/02/2024Média +Ioan NiculaiLe parlement français adopte définitivement une loi pour protéger le droit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux
07/02/2024Notre TempsRédaction avec AFPFrance: adoption d’une loi pour protéger le droit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux
07/02/2024TF1 InfoEmma FortonUne loi protectrice de l’image des enfants sur les réseaux sociaux : qu’est-ce qui va changer ?
07/02/2024Top MusicSébastien RuffetUne loi pour ne pas faire n’importe quoi avec l’image de ses enfants
08/02/2024France CultureFrançois SaltielDroit à l’image des enfants : quels objectifs pour la nouvelle loi adoptée à l’Assemblée ?
08/02/2024Femme actuelleÉmilie Biechy-TournadeDroit à l’image des enfants : une loi visant à mieux le protéger a été votée, que contient-elle ?
09/02/2024ClubicMélina LoupiaC’est voté ! Sur Internet, les enfants ont désormais leur mot à dire sur leur droit à l’image et le respect de leur vie privée
09/02/2024Version FeminaI.S.Droit à l’image sur les réseaux sociaux : une loi pour mieux protéger les enfants définitivement adoptée
11/02/2024DNARédactionBruno Studer a défendu sa proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l’image des enfants
15/02/2024L’AlsaceOlivier ClaudonLa loi Studer veut défendre la vie privée des enfants
20/02/2024Actu JuridiquePatrick Lingibé Le respect du droit à l’image des enfants et les 5 apports de la loi du 19 février 2024 
06/03/2024Le Club des JuristesNathalie Baillon-WirtzL’enfant aussi a une vie privée et un droit à l’image
Dernière mise à jour: 11/03/2024

La proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l’image des enfants adoptée à l’Assemblée nationale

Le travail législatif | 6 mars 2023

Communiqué de presse

Lundi 6 mars, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité en première lecture la proposition de loi visant à garantir le respect du droit à l’image des enfants. Ce texte, qui amende le code civil, entend moderniser l’exercice du droit à l’image des enfants dans le cadre de l’autorité parentale et y donner toute leur place aux enfants en tant que sujets autonomes de droit.

« À l’heure de l’émergence d’une société de l’image à la faveur de la révolution numérique, il apparaissait nécessaire de rappeler un principe simple : les parents sont les gardiens et les protecteurs du droit à l’image de leurs enfants, qu’ils exercent conjointement dans le cadre de l’autorité parentale », résume Bruno STUDER, auteur et rapporteur de la proposition, cosignée par Aurore BERGÉ et les membres du groupe Renaissance.

Cette proposition de loi poursuit et approfondit le travail engagé pour renforcer la protection de l’enfance sur internet, à travers notamment la loi n° 2020-1266 du 19 octobre 2020 visant à encadrer l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de seize ans sur les plateformes en ligne et la loi n° 2022-300 du 2 mars 2022 visant à renforcer le contrôle parental sur les moyens d’accès à internet.

Rappelons qu’en moyenne, un enfant apparaît sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l’âge de treize ans, sur ses comptes propres, ceux de ses parents ou de ses proches. En parallèle, 50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux.

À l’intersection entre la liberté d’expression des parents et l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à l’image des enfants sur internet émerge en effet comme le terrain d’un potentiel conflit, aggravé par le fonctionnement des réseaux sociaux, qui rémunèrent la viralité et promeuvent les comportements narcissiques.

La diffusion de photographies de famille sur les réseaux sociaux, dite « sharenting », s’accompagne par ailleurs de risques accrus de détournement : usurpation d’identité en ligne, chantage, cyberharcèlement, kidnapping numérique, pédopornographie, etc.

« La publication de photographies inappropriées ou de vidéos « pranks », le partage de contenus gênants en guise de punition, la diffusion en permanence du quotidien de l’enfant sans respect pour son intimité n’ont pas leur place dans l’éducation de nos enfants », explique Bruno STUDER.

Même si, dans la grande majorité des cas, les parents ne sont pas mal intentionnés, il est indispensable que ces derniers soient mieux informés et responsabilisés quant à cette dimension nouvelle de l’exercice de l’autorité parentale. Au-delà de la sensibilisation, mise en œuvre à travers le portail Je protège mon enfant et l’action des associations de parentalité, le législateur doit intervenir pour tracer des lignes rouges et élaborer des mesures juridiques contraignantes dans les cas où les parents portent atteinte aux droits de leur enfant.

« Tout comme l’interdiction de la fessée en 2020, cette loi édicte ce qui devrait être une évidence. En ce sens, elle s’adresse également aux enfants, qui trop souvent n’ont pas conscience de leurs droits et pensent parfois que leurs parents disposent d’un droit absolu sur leur image », ajoute Bruno STUDER.

Les modifications adoptées en commission des Lois puis en séance publique ont permis d’améliorer l’ancrage de la notion de vie privée dans la définition de l’autorité parentale pour l’ériger en tant qu’objectif de son exercice. Ils ont également donné l’occasion de mieux borner la délégation forcée de l’autorité parentale prévue à l’article 4 en cas d’atteinte grave à la dignité ou à l’intégrité morale de l’enfant, pour la limiter par défaut à une délégation partielle.

« Le vote de cette proposition de loi à l’unanimité atteste de la volonté du législateur d’apporter une réponse rapide à ce sujet. Je ne peux qu’inviter le Sénat à s’en saisir dès que possible », conclut Bruno STUDER.

Télécharger le communiqué de presse :

La presse en parle

DateMédiaAuteurTitre
28/02/2023PoliticoLaura KayaliFrance aims to protect kids from parents oversharing pics online
05/03/2023Le MondeYsé RieffelLes risques du « sharenting », l’exposition des enfants par leurs parents sur Internet, ciblés à l’Assemblée
06/03/2023Charente LibreRédaction avec AFPRéseaux sociaux, écrans : pour protéger les enfants, les députés mettent la pression sur les parents
06/03/2023La DépêcheRédaction« Sharenting » : bientôt une loi pour protéger l’image des enfants sur les réseaux sociaux
06/03/2023Le Bien PublicCharlotte Murat«Ma fille n’existe pas sur Internet» : ces mamans refusent d’exposer leurs enfants sur les réseaux sociaux
06/03/2023Le FigaroRédaction avec AFPRéseaux sociaux: l’Assemblée vote une protection du droit à l’image des enfants
06/03/2023Le MondeRédaction avec AFPRéseaux sociaux : l’Assemblée vote une protection du droit à l’image des enfants
06/03/2023Les Gens d’InternetRédactionPoupette Kenza: que dit la loi sur l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux?
06/03/2023Notre TempsRédaction avec AFPRéseaux sociaux: l’Assemblée vote une protection du droit à l’image des enfants
06/03/2023Paris-NormandieRédaction avec AFPRéseaux sociaux, écrans… l’Assemblée nationale se penche à nouveau sur la protection des enfants
06/03/2023Sud OuestRédaction avec AFPRéseaux sociaux, écrans : l’Assemblée vote de nouvelles mesures pour protéger les enfants
06/03/2023TéléramaJulia VergelyDroit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux : le rôle des parents en débat à l’Assemblée
06/03/2023L’AlsaceLaurent BodinPlus que le droit à l’image, le devoir de protéger les enfants
07/03/2023France InfoRédaction avec AFPRéseaux sociaux : l’Assemblée nationale vote une protection du droit à l’image des enfants 
07/03/2023La CroixRédaction avec AFPRéseaux sociaux : de nouvelles mesures pour protéger les enfants votées à l’Assemblée
07/03/2023Le Média +Ioan NiculaiL’Assemblée nationale se penche à nouveau sur la protection des enfants dans l’univers numérique
07/03/2023LibérationRédaction avec AFPRéseaux sociaux : l’Assemblée introduit la notion de respect de la «vie privée» de l’enfant
07/03/2023L’ObsL.M. avec AFPPour protéger les enfants sur les réseaux sociaux, de nouvelles mesures adoptées à l’Assemblée
07/03/2023Ouest FranceRédaction avec AFPRéseaux sociaux. L’Assemblée adopte de nouvelles mesures pour protéger les enfants
07/03/2023Planet.frRédaction avec AFPRéseaux sociaux : l’Assemblée nationale vote une protection du droit à l’image des enfants
07/03/022320 MinutesRédaction avec AFPRéseaux sociaux : La « vie privée » des enfants en voie d’être mieux protégée
07/03/2023CausetteAnna CuxacL’Assemblée vote en faveur de la protection du droit à l’image des enfants sur les réseaux sociaux
07/03/2023Nice-MatinRédactionDroit à l’image, âge minimum, surexposition… De nouvelles mesures pour protéger les enfants des réseaux sociaux votées à l’Assemblée
08/03/2023France infoArmêl BalogogLe vrai du faux. Les photos d’enfants postées sur les réseaux par leurs parents se retrouvent-elles sur des sites pédopornographiques ?
09/03/2023L’ObsBarbara Krief« J’oublie que plein de gens regardent » : quels risques pour les influenceurs mineurs ?
09/03/2023L’ObsRédactionDes enfants filmés du lever au coucher : plongée dans l’univers ultraconnecté des parents influenceurs
09/03/2023MarianneLucas PlanavergneHumiliation, pédopornographie… Quels risques pour les parents qui affichent leurs enfants sur Internet ?
09/03/2023ParentsRédactionRéseaux sociaux : les députés adoptent une loi visant à protéger les enfants des abus des parents
10/03/2023Magic MamanMathilde Petit50 % des photos échangées sur les réseaux pédopornographiques ont été postées par des parents
11/03/2023Midi LibreRédactionFaut-il mettre les photos de ses enfants sur les réseaux sociaux ?
13/03/2023Le PointAlice Pairo-VasseurRéseaux sociaux: « Un enfant n’est pas un support d’activité commerciale »
14/03/2023La CroixMélinée Le PriolLes « petites lois » sur les jeunes et les écrans divisent
26/03/2023DNAOlivier Claudon et Emmanuel DelahayeStuder à toute vapeur pour la protection numérique 
Dernière mise à jour le 28 mars 2023

Dans la presse européenne et internationale

DateÉtatMédiaAuteurTitre
28/02/2023Rép. Dom.159.comRédactionDiputados buscan proteger la intimidad de niños fotografiados por sus padres
28/02/2023AlbanieGazeta ShqiptareE.D.Franca synon të mbrojë fëmijët nga prindërit që shpërndajnë fotot në internet
28/02/2023Royaume-UniIO MoyensRédactionFacebook and Instagram want to end child pornography content on the Internet
28/02/2023EuropePoliticoLaura KayaliFrance aims to protect kids from parents oversharing pics online
01/03/2023RoumanieDC NewsElena DidilaFrancja chce chronić dzieci przed rodzicami udostępniającymi zdjęcia w sieci
01/03/2023PologneGazeta lokalnaAdam KamińskiFrancja chce chronić dzieci przed rodzicami udostępniającymi zdjęcia w sieci
01/03/2023États-UnisGearriceElizabeth GeorgeFacebook and Instagram want to put an end to child pornography content on the Internet
01/03/2023RoumanieSpy NewsOana VacarusiȚara din Europa care își propune să protejeze minorii de părinții care publică fotografii cu ei în mediul online: ”Confidențialitatea copiilor lor …”
05/03/2023EuropeThe European ConservativeHélène de LauzunFrance Legislates To Protect Children Online
06/03/2023CanadaLe Journal de MontréalRédaction avec AFPDes mesures pour protéger l’intimité des enfants sur les réseaux sociaux
06/03/2023Royaume-UniThe TimesCharles BremnerFrench parents who exploit children for online fame face prosecution
07/03/2023Royaume-UniI newsClaire Gilbody-DickersonFrench parents could be stripped of rights to use children’s images on social media
07/03/2023ItalieIl GazzettinoValerio Salviani«Foto dei figli vietate sui social», in arrivo la legge contro lo « sharenting » che fa tremare gli influencer
07/03/2023Royaume-UniMetroAlice GiddingsFrench parents could soon be prosecuted for ‘exploiting’ their kids online – should we ban ‘sharenting?’
07/03/2023EspagneOnDigital MagazineMarta KleberLa Asamblea vota por unanimidad la protección de los derechos de imagen de los niños
09/03/2023ItalieIl GazzettinoFrancesca PierantozziFoto dei figli vietate sui social: la Francia dice no. Il Garante: «Ora anche l’Italia». Il 50% delle immagini sui siti pedofili è stato postato dalle famiglie»
11/03/2023VietnamBáo Phụ NữRédactionCha mẹ đăng ảnh con lên mạng coi chừng phạm luật
11/03/2023PologneEdzieckoMagdalena SiragaRodzicie nie będą mogli publikować zdjęć w sieci? Nowe prawo może przerazić instamamy
12/03/2023Royaume-UniThe GuardianEmma BeddingtonShould it be illegal to post embarrassing pictures of your kids? I wish I’d done less ‘sharenting’
13/03/2023ItalieRDSTeam DigitalChe cos’è lo sharenting e perché la Francia vuole vietarlo per proteggere i bambini
14/03/2023PologneChipSebastian GórskiBędzie zakaz social mediów dla małoletnich. Oberwie się też rodzicom zbijającym kapitał na swoich dzieciach
17/03/2023Royaume-UniBBCCBBCSharenting: What is it and how do you feel about parents doing it?
17/03/2023Royaume-UniLondon Evening StandardEmma Loffhagen‘I wanted to throw up’: the dark side of posting pictures of your children online
19/03/2023DanemarkKristeligt DagbladRédactionVed du, hvor dine familiefotos ender? Fransk lovforslag skal beskytte børns privatliv på nettet
19/03/2023AustralieHoneyNikolina Koevska KharoufehWhat have I done?’: Mum’s fear as France introduces bold new laws against ‘sharenting’
20/03/2023AutricheHeuteRédactionLand verbietet Eltern das Posten von Fotos ihrer Kinder
20/03/2023États-UnisHollywood UnlockedDeja MonetFrench Parents Might Be Banned From Sharing Photos Of Their Children On Social Media
20/03/2023RoumanieB1 TVRédactionFranța interzice părinților postarea pe internet a imaginilor cu minori
20/03/2023Royaume-UniThe Daily MailAlexander ButlerFrench parents could be BANNED from sharing photos of their children on social media under new privacy laws
21/03/2023BrésilCrescerCrescer OnlineFrança pretende proibir que pais compartilhem fotos dos filhos em redes sociais
21/03/2023HongrieSassyRédactionFranciaországban már megtilthatják a szülőknek, hogy fotót posztoljanak gyerekeikről a neten
21/03/2023IndeIndia TodayAnkita GargParents in France will be liable for punishment if they share photos of their children on social media
21/03/2023IndeTimes NowTN Viral DeskSharenting no more’: This country plans to ban parents from sharing their children’s pics on social media
21/03/2023IndonésieIndonews TodayImaduddin BadrawiSharenting: Mengapa Prancis Berusaha Menghentikan Orang Tua dari Berlebihan Memposting Foto Anak-anak Mereka
21/03/2023IrlandeRTÉThe Upfront TeamDo we need to rethink how we post about our children online? 
22/03/2023EspagneEl DebateRédactionLos padres franceses podrían tener prohibido compartir fotos de sus hijos en redes sociales
22/03/2023États-UnisUp WorthyAditi BoraFrance aims to protect children from parents oversharing pictures online
22/03/2023IndeTelangana TodayRédactionFrance may ban posting photos of children on social media
22/03/2023IrlandeEvery MumTrine Jensen BurkeParents In France Could Be Banned From Sharing Pictures Of Their Children On Social Media
22/03/2023Nouvelle-ZélandeKiwi Kids NewsShem BanburyShould we ban ‘sharenting’ and protect children’s privacy?
22/03/2023RoumanieAdevărulStefan BorceaȚara care vrea să interzică părinților să pună poze cu copii pe rețelele sociale
22/03/2023Roumaniede MamiciDiana CaciurSharenting-ul, fenomenul părinților care își postează copiii pe internet, interzis în Franța! Proiect de lege VIDEO
22/03/2023HongrieIndexD’Anger ZsoltVége a cukiskodásnak, megtilthatják a szülőknek, hogy megosszák a gyerekeik fotóját a közösségi médiában
23/03/2023États-UnisTiny BeansMaria GuidoFrance Introduces a Bill to Stop Parents from Oversharing Photos of Their Kids
23/03/2023HongrieMiskolci Hírek és Magazin Szigeti-Aszódi SzilviaHa Franciaországban nevelsz gyereket,megtilthatják hogy képet posztolj róla!
23/03/2023RoumanieOra de SibiuAlexandra PopescuȚara europeană care vrea să interzică pozele cu copii pe reţelele de socializare – „Afectează grav demnitatea”
25/03/2023Royaume-UniThe SpectatorToby YoungWho owns your child’s image?
Dernière mise à jour le 28 mars 2023

Une loi pour mieux protéger le droit à l’image des enfants

Prises de parole | 1 mars 2023

Quand la plupart d’entre nous fréquentions encore les bancs de l’école, le droit à l’image apparaissait comme un non sujet, à tout le moins un sujet mineur. C’est dire si en vingt ans le numérique a changé la donne, alors que plus d’un internaute sur deux prend une photographie avant tout dans le but de la partager en ligne. Rappelons que plus de 300 millions de photographies sont diffusées chaque jour sur les réseaux sociaux. En 2015, on estimait que Facebook hébergeait plus de 250 milliards de photographies.[1] En moyenne, un enfant apparaît sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l’âge de 13 ans, sur ses comptes propres, ceux de ses parents ou de ses proches.

Dans la société de l’image qui s’édifie depuis sous nos yeux, l’enfant occupe une place singulière, puisque contrairement à nous toutes et tous ici présents, il n’exerce pas lui-même son droit à l’image. Cette situation, qui découle de la minorité et se résout dans l’autorité dévolue aux parents, n’est pas sans susciter de frictions et poser de problèmes à l’heure des réseaux sociaux, et du partage instantané à nos communautés d’amis. À l’intersection entre la liberté d’expression des parents et l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à l’image des enfants apparaît comme le terrain d’un potentiel conflit d’intérêt, mû par l’appât de la monétisation ou par des motivations plus narcissiques.

Quand bien même leurs intentions sont bonnes pour l’enfant, comme c’est le cas de la grande majorité des parents, sont-ils aujourd’hui suffisamment informés et formés pour faire des choix éclairés, dans l’intérêt supérieur de l’enfant ?

Des risques non négligeables

La diffusion de photographies de famille sur les réseaux sociaux, qui remplace nos albums photo d’antan, est aujourd’hui communément appelée « sharenting », contraction des termes anglais sharing, partager, et parent. La première occurrence du terme remonterait à 2012, pour décrire une pratique qui était déjà largement répandue.[2] Ce qui caractérise le phénomène, c’est la présence d’une audience de masse et la possibilité d’identifier l’enfant relativement facilement.[3]

De nombreux chercheurs internationaux, au croisement entre les sciences humaines et sociales, la communication et les sciences juridiques se sont emparés de l’objet d’étude que constitue le phénomène du sharenting. Très tôt, ils ont pointé du doigt la « fausse impression d’intimité » que suscitaient les réseaux sociaux, qui brouillent les frontières entre liens forts et liens faibles.[4] L’impossibilité d’en contrôler véritablement l’audience, par partage ou détournement, a également été soulignée. Parmi les risques les plus graves qui ont été identifiés, retenons l’usurpation d’identité en ligne, le kidnapping numérique,[5] le harcèlement et le cyberharcèlement,[6] la géolocalisation,[7] le child grooming et la pédopornographie.[8]Concernant cette dernière, 50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux.[9]. Si les photographies de nudité, de semi-nudité ou de tenues sportives sont les plus directement concernées, toutes les photographies d’enfants peuvent se prêter à manipulation et décontextualisation. Il existe bien d’autres types de détournements d’images, par exemple au sein de groupes publics qui partagent des photographies gênantes initialement publiées par des parents, dans le but de se moquer d’enfants.[10] Plus généralement, je n’ose imaginer le poids que doit représenter le fait de devenir un meme.[11]

Les conséquences du partage irréfléchi de photographies sur internet sont donc larges et variées, elles sont aussi durables. Toujours accessibles, les photographies partagées par les parents peuvent porter atteinte à la réputation en ligne de l’enfant devenu majeur. L’exploitation commerciale des données, quant à elle, se prolonge dans le temps à mesure que de nouvelles traces numériques sont agrégées. Ces traces sont pratiquement indélébiles, au point que certains parlent de « tatouage numérique ».[12] En brouillant la ligne entre présent et passé, elles obèrent le développement autonome de l’enfant. Enfin, et peut-être surtout, nous n’en mesurons pas encore pleinement l’ampleur et les conséquences pour l’avenir. Ce qui ne pose pas de souci aujourd’hui pourrait paraître inacceptable demain. N’oublions pas non plus que les technologies sont en constante évolution, notamment en matière de reconnaissance faciale sur photographies.

Extension du sharenting, le partage excessif ou à outrance (oversharing) témoigne d’un usage des réseaux sociaux qui prend la forme d’une exploitation de ses propres enfants.[13] Les conséquences psychologiques d’une telle surexposition de l’image des enfants commencent à être bien documentées : le fait d’être constamment sous le regard d’un objectif – en particulier dans le cas des blogs vidéo familiaux ou vlogs –, l’humiliation que peut ressentir l’enfant lorsque certains contenus qu’il considère gênant sont publiés en ligne sans qu’il en maîtrise l’audience, mais aussi l’impact que peuvent avoir les commentaires faisant parfois plus mal que la photographie elle-même. Au passage, l’exposition de l’image de l’enfant prend parfois la forme de violences éducatives ordinaires, lorsque la publication relève d’un chantage ou d’une punition.[14]

L’importance de légiférer

Malgré tout, il ne faudrait pas tomber dans la panique morale. Elle appelle avant tout une prise de conscience collective de la part des parents, qui n’ont – pour la très grande majorité d’entre eux – pas l’intention de nuire à leur enfant. Seulement, trop d’entre eux sont encore insuffisamment informés et formés.[15] La sensibilisation a un rôle déterminant à jouer pour que les parents agissent en toute conscience des éventuelles conséquences, qu’ils en sous-pèsent le danger potentiel et qu’ils associent l’enfant à l’exercice de son droit à l’image sur internet.[16] La médiation et la sensibilisation, c’est tout particulièrement le travail des associations de parentalité numérique, c’est aussi désormais le rôle du portail gouvernemental jeprotegemonenfant.gouv.fr, au-delà des enjeux liés à la pédocriminalité. Un espace dédié au droit à l’image y trouverait pleinement sa place.

Quelle est donc, alors, la place de la loi ? Au-delà de la sensibilisation, le législateur doit pleinement jouer son rôle pour tracer des lignes rouges. De nombreux chercheurs internationaux s’accordent à reconnaître la nécessité de mesures juridiques contraignantes dans les cas où les parents choisiraient sciemment d’ignorer les droits de l’enfant.[17] La loi a également valeur de signal pour tous les enfants, qui trop souvent n’ont pas conscience de leurs droits, voire même pensent que leurs parents disposent d’un droit absolu sur leur image.

La présence proposition de loi visant à garantir le droit à l’image des enfants part du constat dressé précédemment que le droit à l’image a pris une importance considérable en à peine vingt ans parce que l’image médiée par le numérique devient omniprésente. Droit personnel en tant qu’il est lié à son titulaire, le droit à l’image est également assimilé par certains à un droit de quasi-propriété au sens où l’exercice de son droit à l’image le concerne par nature.

Le cas des enfants influenceurs a bien mis à jour l’existence d’un conflit potentiel entre les parents qui peuvent avoir des intérêts économiques ou psychologiques à partager à outrance l’image de leur enfant, et l’intérêt supérieur de l’enfant, mais il ne l’a résolu que dans le cas des vidéos et essentiellement lorsqu’une relation de travail peut être établie.

Avec la révolution numérique, on arguera également que le droit à l’image a changé de nature et que cela emporte des conséquences particulières pour les mineurs. Plus que pour les autres composantes de l’autorité parentale, les parents ont une obligation fiduciaire vis-à-vis de leurs enfants en matière de droit à l’image, car l’incidence de son exercice devient bien plus prégnante dans l’espace, mais aussi dans le temps. Elle emporte des conséquences durables, au cœur de son processus de développement personnel, et irréversibles, bien au-delà de la minorité de l’enfant. Plus que les titulaires de leur droit à l’image, les parents ont vocation à en devenir les gestionnaires dans son intérêt, les mandataires.[18]

Le dispositif proposé

Les quatre articles de cette proposition de loi énoncent des principes mais fixent également des règles, des limites et des outils juridiques contraignant pour élargir les moyens dont disposent les parents et les pouvoirs publics pour protéger les mineurs.

L’article 1er vise ainsi à introduire la notion de vie privée dans la définition de l’autorité parentale prévue à l’article 371-1 du code civil afin de souligner l’importance que les parents doivent accorder à cet enjeu, au même titre qu’ils doivent veiller à la sécurité, à la santé ou à la moralité de leur enfant.

L’article 2 rétabli un article 372-1 dans le code civil pour rappeler que le droit à l’image de l’enfant mineur est exercé en commun par les deux parents, dans le respect de sa vie privée. Il rappelle également que l’enfant doit être associé aux décisions concernant son image « selon son âge et son degré de maturité ». Cet article vient donc nuancer le libre arbitre des parents dans l’expression du consentement du mineur en les encourageant à prendre en compte l’avis de l’enfant concerné et en anticipant les conséquences éventuelles, notamment dans le futur, de l’utilisation qu’ils font de l’image de leur enfant.

L’article 3 complète l’article 373-2-6 du code civil pour prévoir une mesure spécifique d’interdiction de publication à l’encontre du parent qui diffuse des photos de son enfant contre l’avis de l’autre parent. Cette mesure pourrait être prononcée par le juge aux affaires familiales dans l’intérêt de l’enfant. Ce nouvel outil viendrait compléter des dispositions spécifiques déjà existantes pour permettre au juge de répondre à certaines situations, par exemple l’interdiction de sortie du territoire avec un seul parent sans l’accord de l’autre parent.

Enfin, l’article 4 complète l’article 377 du code civil qui fixe les conditions dans lesquelles l’autorité parentale peut faire l’objet d’une délégation totale ou partielle. Actuellement, la délégation forcée a lieu en cas de désintérêt pour l’enfant, de crime d’un parent sur l’autre parent ou d’incapacité à exercer l’autorité parentale. L’article 4 ajoute qu’elle peut avoir lieu lorsque « la diffusion de l’image de l’enfant porte gravement atteinte à sa dignité ou à son intégrité morale ». Le juge pourrait alors confier l’exercice du droit à l’image de l’enfant à un tiers, ce qu’il ne pouvait pas faire jusqu’alors si le critère du désintérêt pour l’enfant n’était pas rempli. Dans des cas extrêmes, il pourrait même procéder à une délégation totale, je crois que nous reviendrons en détail sur ce point à l’occasion de la discussion des amendements.

Je sais que nous sommes nombreux à partager le diagnostic qui fonde cette proposition de loi. En élaborant son dispositif, j’ai cherché un point d’équilibre : entre la liberté d’expression des parents et l’intérêt supérieur de l’enfant, entre l’importance de la sensibilisation et la nécessité de tracer des lignes rouges, entre la pédagogie et la répression. J’espère que notre discussion permettra de l’enrichir.


[1] Malik, A., Hiekkanen, K., Nieminen, M. (2016). « Impact of privacy, trust and user activity on intentions to share Facebook photos », Journal of Information, Communication and Ethics in Society, 14(4), pp. 364-382.

[2] Voir la définition qu’en donne l’Oxford English Dictionary.

[3] Maltz Bovy, Phoebe (2013). « The Ethical Implications of Parents Writing About Their Kids » The Atlantic.

[4] Kuczerawy, A., Coudert, F. (2010). « Privacy Settings in Social Networking Sites: Is it fair? », in Fischer-Huber, S., Duquenoy, P., Hansen, M., Leenes, R., Zhang, G. (eds.), Privacy and Identity Management for Life, Springer Science & Business Media, pp. 231-243.

[5] Jennifer O’Neill (2015). « The Disturbing Facebook Trend of Stolen Kid Photos », YAHOO! PARENTING (Mar. 3, 2015).

[6] Davis, Matthew (2015). ‘Sharenting’ Trends: Do Parents Share Too Much About Their Kids on Social Media?, C.S. MOTT CHILDREN’S HOSPITAL.

[7] Minkus, Tehila, Kelvin Liu & Keith W. Ross (2015). “Children seen but not heard: When parents compromise children’s online privacy.” WWW ’15: Proceedings of the 24th International Conference on World Wide Web (May 2015), pp. 776–786.

[8] Davis, Matthew (2015). “Sharenting” Trends: Do Parents Share Too Much About Their Kids on Social Media?, C.S. MOTT CHILDREN’S HOSPITAL.

[9] Depuis 2020, Europol et Interpol alertent sur la prévalence des contenus autoproduits par les jeunes ou par leur entourage dans les échanges pédocriminels: Interpol, COVID19 – Les menaces et les tendances en matière d’exploitation sexuelle des enfants et d’abus pédosexuels, septembre 2020 ; Interpol, Les abus pédosexuels sur Internet battent des records, mai 2022. Voir aussi le rapport du Cofrade, Rapport conjoint alternatif. Sixième examen de la République française par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies , 2022, p. 24), ainsi que les travaux du eSafety Commissionner en Australie et du National Center for Missing and Exploited Children.

[10] Steinberg, Stacey B. (2017). « Sharenting: Children’s Privacy in the Age of Social Media », Emory Law Journal, 66, pp. 839-884. L’auteur évoque un forum de mères qui publiait ainsi des photographies d’enfants prises sur les réseaux sociaux dans le seul but de se moquer d’eux.

[11] Pour un aperçu du phénomène des memes, on consultera le site internet Know your meme.

[12] Donovan, Sheila (2020). « ‘Sharenting’ : The Forgotten Children of the GDPR », Peace Human Rights Governance, 4(1), pp. 35-59.

[13] Maltz Bovy, Phoebe (2013). « The Ethical Implications of Parents Writing About Their Kids », The Atlantic.

[14] Belkin, Lisa (2013). « Humiliating Children in Public: A New Parenting Trend? », Huffington Post (Oct. 4, 2013).

[15] Donovan 2020. Voir aussi Brosch, Anna (2016). « When the Child is Born into the Internet: Sharenting as a Growing Trend among Parents on Facebook », The New Educational Review, (March 2016).

[16] En ce sens la proposition est en ligne avec les recommandations de l’observation générale no 25 sur les droits de l’enfant en relation avec l’environnement numérique, élaborée par le Comité des droits de l’enfant, 2021.

[17] Kravchuk, N. (2021). « Privacy as a new component of ‘the best interests of the child’ in the new digital environment », The International Journal of Children’s Rights, 29(1), pp. 99- 121.

[18] Sorensen, Shannon (2016). « Protecting Children’s Right to Privacy in the Digital Age: Parents as Trustees of Children’s Rights », Children’s Legal Rights Journal, 36(3), pp. 156-176.